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Walter Röhrl n’était pas là pour séduire. Il était là pour comprendre. L’homme n’a jamais été une bête de cirque, mais l’homme du silence, de la concentration et du travail profond. Alors que le rallye des années 70 et 80 célébrait les guerriers de la glisse, lui étudiait les trajectoires comme un mathématicien. Résultat, un palmarès immense, une influence colossale et le respect unanime.
Un Allemand à contre-courant
Né en 1947 à Ratisbonne, Röhrl découvre le sport auto tardivement. Comptable de formation, il apporte au rallye une rigueur mentale et une précision uniques. D’ailleurs, il débute presque par hasard, mais très vite, tout le monde comprend. Ce pilote est différent. Il pense comme un ingénieur, pilote comme un équilibriste et analyse comme un scientifique.
Un palmarès de génie
- Champion du monde WRC en 1980 (Fiat) et 1982 (Opel)
- 14 victoires en WRC, dont Monte Carlo avec 4 constructeurs différents
- Seul pilote à gagner Monte Carlo en propulsion, traction et transmission intégrale
- Pilote pour Fiat, Opel, Lancia, Audi, Porsche
- Vainqueur de Pikes Peak 1987 avec l’Audi Quattro S1

Un des rares pilotes capables de gagner dans autant de configurations techniques.
Barry Sheene : le rebelle chromé qui roulait plus vite que la mort
Graham Hill : le gentleman volant à la moustache légendaire
Le style Röhrl, l’ultra maîtrise
Röhrl ne glisse jamais pour le spectacle. Il glisse uniquement quand c’est nécessaire. Il ne freine pas tard pour impressionner, il freine au point optimal. Son pilotage est chirurgical, pur, presque zen. Il disait souvent :
« Un pilote rapide freine tard. Un pilote exceptionnel ne freine pas du tout. »
Pour lui, le volant n’est pas une arme, mais un outil de dialogue. Et avec cette philosophie, il battait tous les guerriers.
Un solitaire assumé
Röhrl déteste la foule et les projecteurs. Aussi refuse-t-il certains rallyes trop médiatisés et évite les épreuves qui, selon lui, « manquent d’intérêt technique ». C’est un moine du pilotage, pas un showman. Un puriste absolu.
Le pilote ingénieur
Röhrl est connu pour son exigence extrême. Il parle avec les ingénieurs comme un collègue. Il détecte la moindre vibration, la moindre différence de pression. Audi dira :
« Il sentait les pressions de pneus à 0,1 bar près. »
Porsche en fera un pilote de développement à vie. Encore aujourd’hui, il teste les modèles GT pour affiner leurs réglages à la limite.
Pikes Peak 1987, l’ascension absolue
Audi l’engage pour la mythique montée américaine avec la Audi Sport Quattro S1 de 1 430 chevaux. Route poussiéreuse, aucun garde fou, précipices vertigineux. Röhrl attaque, vise juste, dompte la montagne et bat le record. Il sort de la voiture serein.
« C’était technique. J’ai adoré. »
L’homme du verbe rare
Röhrl ne parle pas beaucoup. Mais quand il parle, on l’écoute :
-
« Un vrai pilote sait conduire n’importe quoi, même une Fiat Panda. »
-
« Je ne veux pas dominer les autres. Je veux dominer la route. »
-
« Je ne cherche pas à être le meilleur. Je cherche à comprendre le mieux. »
Un héritage immense
Röhrl n’a pas fondé d’école, ni vendu son nom. Toutefois, son influence est partout.
- Pilier du développement Porsche
- Admiré de Loeb, Ogier, Neuville
- Référence pour simulateurs, écoles de pilotage et ingénieurs châssis
James Hunt : l’aristocrate sauvage qui a mis le feu à la Formule 1
Dan Gurney : le géant élégant qui a tout inventé sans jamais le crier
Il a transformé le pilotage en science, sans jamais trahir la passion.
Walter Röhrl : le moine soldat
Walter Röhrl, c’est la sagesse, la finesse et la rigueur. Dans un monde de bruit, il était le silence qui gagne. Aussi, ne s’est-il jamais soucié de la gloire. En revanche, le pilote s’est soucié de faire les choses parfaitement. Et c’est ainsi qu’il est devenu une légende.

