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Au début des années 1980, Lancia domine encore le rallye grâce à la 037, redoutable sur asphalte mais handicapée sur terre et neige par sa propulsion. Pendant ce temps, Audi impose la transmission intégrale et Peugeot prépare la 205 T16. Le Groupe B devient une course technologique sans limites.
Origine : remplacer la 037 sur tous les terrains
Lancia confie alors à Abarth le développement d’une voiture entièrement nouvelle. Le nom Delta sert uniquement à l’homologation. Tout le reste change. Châssis, moteur, transmission et carrosserie visent un seul objectif : battre Audi et Peugeot, notamment sa 205 Turbo 16 sur tous les terrains. Ainsi, environ 200 exemplaires Stradale sortent de 1985 à 1986 pour valider l’engagement en championnat du monde.
Moteur : le twincharged sans temps mort
La Delta S4 adopte un 4 cylindres en ligne de 1,8 litre en position centrale arrière. En outre, Lancia y associe un compresseur volumétrique et un turbo KKK. De fait, le compresseur assure la réponse à bas régime. Puis, le turbo prend le relais à haut régime. Cette architecture supprime presque totalement le temps de réponse.
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En version Stradale, le moteur développe 250 ch. En rallye, la puissance atteint 480 à plus de 560 ch selon les évolutions. La transmission intégrale permanente et la boîte manuelle à 5 rapports encaissent un couple dépassant 500 Nm en configuration course.
Fiche technique : Lancia Delta S4 Stradale (1985)
- Moteur : L4 1,8 L twincharged
- Puissance : 250 ch à 6 750 tr/min
- Couple : 291 Nm à 4 500 tr/min
- Poids à vide : environ 1 200 kg
- 0–100 km/h : environ 5,7 s
- Vitesse maximale : environ 225 km/h
- Transmission : intégrale permanente, boîte manuelle 5 rapports
- Production : environ 200 exemplaires
Châssis et conduite : un prototype déguisé
La Delta S4 repose sur un châssis tubulaire en acier habillé de panneaux en carbone et kevlar. Cette structure, typique de la compétition, n’a rien d’une voiture de série modifiée. Les suspensions à triangles superposés et les freins Brembo à quatre pistons confirment cette approche radicale.
La répartition des masses très à l’arrière et la transmission intégrale donnent un comportement brutal. Souvent typé propulsion. La voiture exige de l’engagement et de la précision. Mal exploitée, elle devient instable. En mains expertes, elle se montre redoutable.
La Delta poussée à l’extrême
Visuellement, la S4 conserve la silhouette générale de la Delta, mais chaque élément sert la performance. Les ailes élargies et rivetées, le toit abaissé et l’aileron arrière transforment la compacte en prototype de rallye. Les capots à ouverture complète facilitent l’accès mécanique.
L’intérieur de la Stradale reste volontairement spartiate. Baquets, instrumentation Jaeger et finitions simplifiées rappellent que cette voiture existe avant tout pour satisfaire l’homologation, pas pour le confort.
Compétition et héritage : l’apogée du Groupe B
La Delta S4 débute en championnat du monde au RAC 1985 et s’impose immédiatement. En 1986, elle remporte notamment le Monte-Carlo, le Sanremo et le Rallye d’Argentine. Elle représente alors le sommet technologique du Groupe B.

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L’accident mortel de Henri Toivonen et Sergio Cresto au Tour de Corse 1986 entraîne l’arrêt du Groupe B. La S4 devient la dernière expression d’une liberté technique totale. Aujourd’hui, une S4 Stradale dépasse fréquemment 600 000 €, tandis que les versions usine historiques franchissent largement le million d’euros.
Lancia Delta S4 : l’excès comme manifeste
La Lancia Delta S4 ne cherche jamais le compromis. Elle privilégie la performance absolue, au prix de la complexité et du danger. Elle incarne le Groupe B à son paroxysme, une machine conçue pour gagner, dont l’excès a fini par condamner toute une époque.


