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Présentée en 1985, l’Audi Sport quattro S1 E2 représente l’aboutissement ultime de la lignée Quattro en rallye. Dérivée du châssis Sport quattro à empattement court, elle pousse chaque paramètre technique à l’extrême. Audi concentre tout son savoir-faire sur une seule machine, pensée pour surpasser tout ce qui roule en spéciale, sans compromis sur la brutalité ou la complexité.
Par rapport aux Quattro précédentes, la S1 E2 adopte une aérodynamique radicale, un turbo surdimensionné et une gestion avancée de la transmission intégrale. Le poids reste maîtrisé malgré l’ajout massif d’appendices aérodynamiques et de systèmes électroniques. Le résultat n’a plus rien d’une voiture dérivée de la série.
Il s’agit d’une machine d’usine, conçue pour la performance absolue, difficile à exploiter et physiquement exigeante.
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Face aux Peugeot 205 T16 E2, Lancia Delta S4 et Ford RS200 Evo, Audi accepte de sacrifier la facilité de pilotage au profit de la puissance et de la stabilité à haute vitesse. La S1 E2 devient ainsi l’une des Groupe B les plus rapides jamais conçues, mais aussi l’une des plus intimidantes.
L’évolution finale du concept Quattro
Après avoir bouleversé le rallye avec la transmission intégrale dès le début des années 1980 avec la Quattro A2, Audi fait évoluer sa Quattro pour rester compétitif face aux prototypes à moteur central. En 1983, la Sport quattro inaugure un empattement raccourci et une structure allégée, première réponse directe aux limites de l’Ur-Quattro.
La S1 E2, dévoilée en 1985, exploite pleinement les libertés du règlement Groupe B. Audi maximise la puissance, développe une aérodynamique agressive et affine la gestion de la transmission pour les spéciales rapides. La voiture est confiée à Walter Röhrl, Stig Blomqvist et Michèle Mouton. Elle marque la dernière étape du programme Groupe B d’Audi avant l’arrêt brutal de la catégorie en 1986.
Moteur : le cinq cylindres sous pression maximale
La S1 E2 utilise un 5 cylindres en ligne de 2,1 litres à 20 soupapes, suralimenté par un turbo KKK K27. La pression dépasse 2,4 bars en configuration course. La puissance atteint environ 550 ch, certains moteurs d’usine dépassant 600 ch.
Le couple approche 590 Nm, transmis aux quatre roues via une transmission quattro à gestion électronique et une boîte manuelle renforcée. Le temps de réponse du turbo reste marqué. Poussant Audi à développer des systèmes de maintien de pression, ancêtres des dispositifs anti-lag modernes.
Fiche technique : Audi Sport quattro S1 E2 (1985)
- Moteur : L5 2,1 L turbo KKK K27
- Puissance : environ 550 à 600 ch
- Couple : environ 590 Nm
- Poids à vide : environ 1 090 kg avec ballast
- 0–100 km/h : environ 3,1 s (terre)
- Vitesse maximale : environ 220 km/h
- Transmission : intégrale quattro
- Production : environ 20 châssis usine
Châssis et comportement : puissance contre contrôle
L’empattement très court rend la S1 E2 extrêmement vive. Les suspensions à grand débattement et les amortisseurs réglables tentent de canaliser une puissance démesurée. L’aérodynamique radicale, avec splitter avant, jupes latérales et aileron arrière à deux plans, vise à stabiliser la voiture à haute vitesse.

À bas régime, la voiture se montre instable et délicate. En pleine charge, elle devient foudroyante. Le pilotage exige une anticipation constante du turbo et une gestion précise des dérives. Peu de pilotes parviennent à exploiter pleinement son potentiel.
Design : l’aérodynamique sans compromis
La S1 E2 adopte une silhouette immédiatement reconnaissable. Les extensions d’ailes massives, le splitter proéminent, les prises d’air multiples et l’aileron géant répondent uniquement à des contraintes fonctionnelles.
Les livrées HB Audi Sport, Rothmans ou la version Pikes Peak blanc et jaune participent à sa légende. L’habitacle reste strictement utilitaire, dominé par l’arceau, les baquets et une instrumentation réduite à l’essentiel.
Audi Sport quattro S1 E2 : compétition et héritage
En WRC 1985-1986, la S1 E2 se montre redoutable sur terrains rapides mais moins équilibrée que les prototypes à moteur central. Elle trouve cependant une seconde vie mythique à Pikes Peak, où Walter Röhrl remporte l’édition 1987 avec un record resté longtemps emblématique.
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Dernière Audi Groupe B, la S1 E2 devient une icône absolue. Brutale, excessive et intimidante, elle influence durablement le rallycross et la philosophie des voitures de course à transmission intégrale.
Valeur actuelle et marché
- Châssis usine Audi Sport quattro S1 E2 authentique : environ 2,5 à 4 millions €
- Répliques fidèles (base Sport quattro ou Quattro courte) : 400 000 à 800 000 €
- Versions Pikes Peak historiques : inestimables, conservées par Audi
Le Groupe B à son point de rupture
L’Audi Sport quattro S1 E2 incarne l’extrême absolu du Groupe B. Plus rapide, plus puissante et plus violente que tout ce qui l’a précédée, elle marque la limite entre innovation et excès. Une machine conçue pour gagner, devenue mythe par sa déraison même.


